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Il est probable
Notes en vrac d’un psy-thérapeute de province.
Il est probable, si vous êtes ici, que vous soyez l’otage de vos souffrances. Il est probable que vous soyez perdu(e) et en quête de vous et du sens que vous pourriez donner à votre vie. Vous n’êtes ni vos pensées, ni vos émotions. Prendre soin de vous dépend de votre détermination à le faire, pour vous-même d’abord, autant que pour autrui plus tard.
Commencez par vous affranchir de vos entraves intérieures, de vos croyances erronées, de vos certitudes, de votre plainte, de votre tristesse, de votre colère, de votre impatience. Commencer par déposer ici vos « encombrants ». Tous.
Vous venez ici me solliciter de votre plein grès (je suppose) pour mettre mes compétences au service de votre mieux être. Ne comptez pas sur moi pour vous sauver, pour vous rendre meilleur(e), heureux, heureuse, libres, où je ne sais quelle autre idée. Nous cheminons ensemble, nous collaborons, nous cherchons, nous questionnons votre mal-être. Je vous accompagne dans la traversée du tunnel, qui n’est qu’un tunnel. Il vous appartient d’être acteur, actrice de vos changements, de vos transformations, de votre mieux être.
Je m’appuie sur votre détermination à traverser ce tunnel. Vous pouvez choisir de rester sur le seuil. Vous pouvez choisir de vous engager, de pénétrer votre obscurité. Il importe de regarder l’obscurité avant de chercher la lumière ; elle viendra plus tard, quand vous serez dans le vrai de vous-même. « Il n’y a pas de lumière sans ombre. Cela aussi est le chemin », écrit Christophe Fauré[i].
Si vous voulez contribuer à ce que ma vie prenne sens et que la votre en trouve un, alors vous devez vous engager dans ce parcours de compagnonnage que nous choisissons d’entreprendre. Il n’y aura pas de gentillesse, mais de la bienveillance, pas de complaisance mais de la confrontation, par de laisser aller mais de la résistance et nous y ajouterons compassion et amour. Si vous venez en dilettante je vous demande de reprendre le chemin inverse qui vous a conduit à ma porte. Ne gaspillons pas notre énergie à occuper le temps.
Entreprendre une psychothérapie n’est pas une partie de plaisir, c’est une des voies qui conduit à la joie. Cette joie qui peut vous étreindre quand, après une longue randonnée sur des chemin caillouteux, le souffle court parfois, l’envie d’abandonner et de faire demi tour souvent, ou de s’asseoir et de renoncer, et qu’enfin vous atteignez un sommet, cette joie qui explose dans votre cœur et vos poumons à la vue du monde dans sa pure beauté. Il est des refuges aussi au long de la voie. Vous procéderez par étapes si nécessaire.
Le plus difficile, je crois à partir de ma propre expérience, c’est de renoncer. Au cours d’une thérapie nous sommes invité à renoncer à l’échafaudage de notre « vieux » Moi. Renoncer à nos croyances enfermantes, à nos routines, nos habitudes, nos stratégies relationnelles, nos certitudes, nos jugements, nos à priori, et la plupart des oripeaux dont nous nous sommes couverts pour nos protéger de notre ignorance que l’on nomme aussi peur. Sans ignorer que cet échafaudage fut nécessaire à votre survie.
Nous n’allons plus savoir, nous allons expérimenter. Nous n’allons pas écrouler l’échafaudage mais le démantibuler, le déconstruire pièce par pièce et faire le tri de ce qui vous est nécessaire et de ce qui ne l’est plus ou pas. Nous allons mettre à jour la beauté de votre être. Vous êtes unique; vous êtes complexe; vous êtes exceptionnel(lle).
Je ne puis douter de vous. Faites de même : ne doutez pas de vous.
Nous allons traverser des zones de silences où nous ne saurons que faire et nous accepterons ce silence. Vous serez tenter de céder au désespoir mais ce ne sera qu’une tentation de plus. Comme le prétend un proverbe Yiddish, « ne vous attachez pas au désespoir il ne tient jamais ses promesses ».
Ne voyez pas en votre psy un magicien quand il n’est qu’un passeur. Un passeur de silences. C’est aussi un être vulnérable. Cependant il ou elle est habilitée à encaisser vos « transferts » et n’en pas faire une affaire personnelle. Il est arrivé que le rôle de psy que j’exerce soit insulté, aussi qu’il reçoive des déclarations amoureuses, des projections libidineuses, des envies de meurtre et autres sans que la personne que je suis en soit (trop) affectée.
« Deviens toi-même la paix que tu souhaites voir advenir dans le monde » exhorte le Mahatma Gandhi. Comment allez vous œuvrer à être en paix ? Je crois que c’est là une des questions fondamentales de notre existence : comment se mettre en paix ? Être en paix sous entend être en joie, heureux.
A quand remonte votre dernier instant de joie ? De bonheur ? Qu’est-ce qui vous empêche d’être heureux à part vous ? Nous ne cessons d’entretenir des relations délétères et toxiques avec les vivants et si cela ne suffit pas avec les morts et si ce n’est pas encore assez avec l’univers tout entier. Pour mettre fin à une relation il suffit de rompre, de ne plus jouer. Mais que peut être une vie sans jeux psychologiques ? Est-ce même envisageable ?
A suivre…
[i] Christophe Fauré – « s’aimer enfin ! » éditions Albin Michel paris 2018.